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Retour sur la Masterclasse de Germano Zullo : Écrire l'image - INSPÉ site Toulouse-Saint-Agne
Dans le cadre du partenariat de l'INSPÉ Toulouse Occitanie-Pyrénées avec FLJ - Festival du Livre de jeunesse Occitanie, les étudiants de M1 du Master MEEF Documentation ont accueilli l'écrivain Germano Zullo : ils ont participé au montage de l’exposition "L’Écrivarium" à la BU de l’INSPÉ de Toulouse, site Saint-Agne, puis à la Masterclasse "Écrire l'image", suivie d'une restitution publique de leurs travaux d'écriture et d'une conférence d'Albertine et Germano Zullo, "Le jeu de la création". Les étudiants ont également été présents à la journée professionnelle du Festival.
Sur plusieurs panneaux sont ainsi accrochés, pêle-mêle, des notes et croquis d'Albertine et de Germano, des petits mots qu'ils s'adressent, des lettres... pas d'originaux, mais des copies sur washi, un papier japonais à base de végétaux, très léger, délicat et résistant.
Laboratoire de la création, puzzle à reconstituer par des étudiants affairés, attentifs à ce dialogue d'équilibristes. Albertine faisant remarquer, ultérieurement, lors de la conférence à deux voix du jeudi 23 janvier, que les écrits de Germano constituent autant d'indications précises — la "colonne vertébrale" à partir de laquelle le dessin s'élabore, se déploie et prend appui —, parfois scénarii invisibles pour des albums sans texte, tels que La rumeur de Venise (La Joie de lire, 2008) ou les livres promenades pour les tout-petits : À la montagne (2011), À la campagne (2015), À la mer (2008)... publiés par La Joie de lire.
Auteurs, autant l'un que l'autre, parce qu'Albertine n'est pas "une illustratrice qui se met au service du texte" et que Germano est "toujours en train d'écrire" : "quand je regarde un film, j'écris, quand je cuisine et que je mange, j'écris, quand je conduis ma voiture, j'écris"... il ajoutera, lors de la Masterclasse : "je tiens ma mère pour un très grand écrivain et elle n'a jamais écrit de livre."
♦ ♦ Temps 2 — Jeudi 23 janvier : Masterclasse "Écrire l'image" ♦ ♦
Ces deux ateliers ont permis aux étudiants de s'initier à l'"écriture technique", à la rédaction d'un scénario à partir d'un dessin d'Albertine, parmi les 4 inédits proposés.
Germano a toujours "considéré l'écriture comme un jeu", comme une amélioration ou plutôt une variante de ce jeu de petites voitures, pratiqué lorsqu'il était enfant — ambulance, voiture de pompiers, etc. —, mais ce jeu, cet acte de création, est-ce une activité sérieuse ? En est-on sûr, avec le temps ? Peut-être pas. Finalement, chacun décide de ce qui est sérieux ou de ce qui ne l'est pas.
♦ D'abord l'ÉCRITURE... qui est...
Prenons Les oiseaux (La Joie de lire, 2010), c'est un acte poétique, issu d'une manière de rompre avec le quotidien, de s'arrêter, d'observer, de prendre CONSCIENCE de ce que l'on est dans le monde : "Certains jours sont différents. On pourrait presque croire qu'il s'agit de jours semblables aux autres. Ils possèdent cependant un petit quelque chose de plus que les autres jours. pas grand-chose. Un petit détail. Minuscule. La plupart du temps, on ne remarque même pas ce petit détail. Car les petits détails ne sont pas faits pour être remarqués. Ils sont faits pour être découverts".
La PENSÉE, parce que se mettre à penser est intéressant. L'on se pose une question et l'on tente d'y répondre, puis il en vient une autre et ainsi de suite, ne laissant personne penser à notre place.
La TRANSMISSION, liée à la pulsion, au désir de partage, l'envie de donner une belle idée aux autres.
L'acte de création n'est sans doute pas sérieux. Ce qui l'est, c'est la règle du jeu qui mène à la création : "enfant, la règle pour le jeu des petites voitures était de ne pas faire rouler les voitures dans le vide. Elles roulaient à l'horizontale, à la verticale, mais jamais je ne faisais voler mes petites voitures dans le vide. Voilà une règle, par exemple. Une règle qui mène à la création."
Dans le CHAOS, la VIOLENCE d'un monde gouverné par le besoin viscéral d'occuper la place, un TERRITOIRE, ou d'absorber l'autre, par l'incessante lutte du BIEN et du MAL, que l'on apprend à distinguer, simplement parce que le Mal se déguise toujours, le Bien jamais. Au fond, l'UTOPIE, ne serait-ce pas "tenter de réduire le Mal à une somme de problèmes ?"
♦ Puis l'INTENTION. Où l'on va...
Germano évoque un processus d'écriture qui pourrait s'apparenter à une spirale en perpétuel mouvement, flottante, avec des idées qui surnagent, s'agrègent.
Cela a à voir avec la CONSTRUCTION DE L'IDENTITÉ. Comment on devient Homme ou encore une autre personne, en changeant de langue, en passant d'un dialecte italien au français...
L'auteur, d'origine italienne, a narré certains épisodes de son enfance et de son adolescence dans un roman autobiographique, Quelques années de moins que la lune (La Joie de lire 2006). L'enfant d'alors, découvrant la région de Naples au moment des vacances scolaires, est très tôt confronté à sa double appartenance — culturelle, sociologique et géographique : "il existe une frontière très nette entre la Suisse et l'Italie. la Suisse est verte, liquide, fraîche. L'Italie est terreuse, ignée, emplie de mirages... Elle est emplie de ruines et de coins sombres. Elle grouille de mystère. Le temps y devient aléatoire."
♦ Et enfin, la NARRATION...
La narration, c'est la manière dont on porte l'histoire, les moyens que l'on se donne.
"Une bonne idée ne suffit pas pour créer une bonne histoire. [Elle doit] s'inscrire dans un fil narratif. Mon fil naratif commence avec le jeu des petites voitures et se poursuit avec les livres."
Avec Albertine, l'idée de collaborer s'est imposée : "on a dû mettre en place un véritable dialogue. On a donc créé une troisième voie/voix créative, notre voie/voix commune".
"Nous sommes deux auteurs qui dialoguons".
La relation texte-image n'est pas le fruit d'une méthode bien définie : "nous sommes souvent deux enfants qui jouons".